LA BOUQALA


Le vieil homme a regardé l'orangeraie et dit : 
" Les orangers ont fleuri..."
Et des fruits poussèrent dans ses yeux. 
Ali El Hadj Tahar


Pour présager de l'avenir, les femmes d'Alger ont crée la Bouqala, un rite de poésie (voir bas de page).

Yasmina Louaïl s'en est inspirée pour créer un rite-spectacle où se mêlent poésie et conte. Deux genres qui se marient avec harmonie par leur concision, intensité et densité. 

Une Bouqala ouverte aux femmes et aux hommes. Non pas pour présager de l'avenir, mais pour éclairer librement sa vie, en soi-même ou en public. 

Un rite-spectacle de partage avec le public, de passage même, car chaque personne est invitée à venir sur scène. 

L'expression libre des résonances, réminiscences ou autres échos qu'éveille le poème ou le conte, participe à donner à chacun une place de co-créateur.


Qu'ils soient contemporains ou d'une époque reculée, de langue française ou traduits, et quelque soit l'origine des auteurs, les poèmes choisis ont une dimension universelle et intemporelle
.

Le décor est l'esquisse d'un salon pour recréer l'intimité de la Bouqala des femmes d'Alger.



Orale et anonyme dans la Bouqala ancestrale, la poésie choisie, est celle d'auteurs connus ou méconnus.







Le déroulement n'est pas dévoilé ici. 

Pour plus d'informations merci de contacter Yasmina Louaïl.





                                                        

La Bouqala, le poème comme avenir de la femme
Préface de Bouqala, de Mohamed Kacimi, recueil de quelques uns de ces poèmes traditionnels. Ed. Thierry Magnier

A Alger, les femmes se réunissent souvent pour jouer à la Bouqala, un rite de divination et de poésie.
Les séances se tiennent la nuit et ne concernent que les femmes. Après le thé ou le café, la maîtresse de maison ramène un bocal (bouqala) rempli de l'eau de sept sources ou de sept fontaines. Chaque femme y dépose un bijou, une bague, une broche ou une boucle d'oreille. La doyenne prend le bocal pour le tourner sept fois au-dessus d'un brasero où brûle de l'encens, en récitant des formules incantatoires. Elle demande alors à chaque femme de penser à une personne chère ou à une situation qui la préoccupe. 

Après s'être concentrée, elle récite une bouqala, un poème court de quatre ou cinq vers. Le poème peut lui venir de la mémoire séculaire des ancêtres ou juste de l'improvisation du moment. Puis les femmes demandent à une vierge de prendre au hasard un bijou du bocal. La propriétaire du bijou sorti de l'eau doit, avec le groupe, trouver dans le poème récité ce qui peut éclairer sa vie, ses amours, lui annoncer des départs, des joies ou des malheurs. Le poème est là pour dire son avenir. Et, comme ce poème est souvent vague et imagé, tous les futurs pour la femme sont possibles.


Encore vivace, la bouqala présente mile variations. Cette poésie anonyme et orale est essentiellement citadine et féminine. Son langage emprunte aussi bien au français, à l'espagnol, qu'à l'italien. On y trouve même des rythmes inspirés de la poésie andalouse, c'est dire à quel point la bouqala plonge loin ses racines dans l'histoire de la Méditerranée (...)

L'amandier fleurit au printemps
La lune découvre sa lumière
Les joues rougissent de pudeur
Devant l'amant qui se trahit